19
Un roi lucide
De leur côté, Wellan et Santo connaissaient un succès plus modeste. Des coquilles vides jonchaient bel et bien les berges de la rivière Mardall, mais aucune trace des monstres. Ils s’étaient probablement aventurés dans la forêt à la recherche de nourriture, pourtant ni l’un ni l’autre des Chevaliers ne ressentaient de détresse animale ou humaine autour d’eux.
Le soir venu, assis autour d’un bon feu avec leurs Écuyers, Wellan songea à la façon d’attirer les dragons hors de leurs cachettes.
— Nous pourrions chasser et leur offrir du gibier, suggéra Cameron.
— Ce serait inutile, l’informa Wellan, puisque ces monstres ne mangent que des cœurs battants.
L’image d’un Elfe servant d’appât se forma dans l’esprit du grand Chevalier et, captant cette épouvantable vision, Santo lui envoya un solide coup de coude dans les côtes. Wellan échangea aussitôt un regard amusé avec son compagnon, mais ne fit aucun commentaire désobligeant devant leurs Écuyers.
— Utilisez-moi pour les attirer, maître, offrit Hettrick, faisant preuve de bonne volonté.
— As-tu déjà oublié le premier devoir d’un Chevalier envers son apprenti, jeune homme ? répliqua amicalement Santo. Jamais je ne mettrai ta vie en danger, même pour attraper ces dragons.
Wellan et Santo se redressèrent brusquement, leurs sens aux aguets. Parfaitement immobiles et silencieux, les deux Écuyers tentèrent de chasser leur frayeur pour percevoir la même chose que leurs maîtres. Quelqu’un ou quelque chose approchait. Ce n’était pas un de ces horribles monstres, mais ce n’était pas un humain non plus. Wellan se concentra davantage et capta l’esprit fluide d’un Elfe.
L’adolescent blond apparut finalement à l’orée de la forêt et observa les soldats magiciens un moment avant de s’approcher. Katas ne connaissait pas la race des hommes et leur réputation n’était pas flatteuse, surtout celle du Chevalier qui dépassait son compagnon d’une tête. Les Anciens prétendaient que Wellan d’Émeraude était un habile meneur d’hommes et un puissant magicien, avec des bras d’acier, mais ils disaient aussi qu’il avait tenté de tuer le Roi des Elfes quelques années plus tôt.
— Approche, ordonna Wellan d’une voix autoritaire.
Le jeune Elfe fit quelques pas silencieux vers lui, sans le quitter des yeux. Nul besoin de sonder ses intentions pour savoir que le grand chef n’hésiterait pas à tirer son épée s’il se sentait menacé. Katas s’arrêta à une distance prudente du grand Chevalier et s’inclina devant lui avec respect, comme le lui avaient demandé les Anciens.
— Je viens en paix, déclara-t-il d’une voix caressante.
— Dis-moi qui tu es et ce que tu veux, exigea Wellan, qui avait conservé une profonde aversion pour les Elfes depuis son altercation avec leur souverain.
— Je suis Katas du clan des Armais et je vous apporte un message du Roi Hamil.
— Je suis le Chevalier Wellan et voici le Chevalier Santo.
Ces enfants sont nos Écuyers Cameron et Hettrick. Quel est le message de ton roi, Katas ?
— Il vous convie chez lui afin de vous y entretenir d’une affaire urgente.
— Dis à ton roi que notre mission l’est davantage, siffla Wellan.
Santo posa une main sur le bras de son frère d’armes pour lui recommander de conserver son sang-froid, ce garçon n’étant en fait qu’un émissaire.
— Sais-tu ce dont le Roi Hamil veut nous entretenir ? demanda le Chevalier guérisseur.
— Cela concerne les étranges bêtes que nous avons rencontrées dans la forêt.
— « Rencontrées ? » s’étonna Santo. Était-ce la raison pour laquelle il n’en restait plus sur la berge ? Mais si elles s’étaient dirigées vers la forêt pour se procurer de la nourriture, pourquoi cet Elfe ne ressentait-il aucune frayeur ? Il s’agissait pourtant de reptiles qui pouvaient atteindre des proportions gigantesques et qui risquaient de se nourrir de son peuple.
— Qu’en avez-vous fait ? demanda-t-il finalement.
— Le roi vous l’expliquera. Laissez-moi vous conduire jusqu’à lui, insista Katas.
— S’il a quelque chose à nous apprendre au sujet des dragons, fit Santo à son chef, je crois bien que nous devrions l’entendre.
Wellan demeura silencieux. Avait-il vraiment envie de rencontrer le roi ? Et s’ils s’enfonçaient avec Katas dans la forêt, plus personne ne ratisserait la rivière Mardall à la recherche des animaux ayant quitté la sécurité de leurs coquilles.
— Il n’y en a plus par ici, déclara Katas en l’observant avec curiosité et méfiance à la fois.
Wellan comprit que l’Elfe sondait son esprit et il le lui referma brusquement. Katas sursauta, constatant que le Chevalier possédait des facultés semblables à celles de son peuple.
— Réfléchis à sa proposition pendant la nuit, insista Santo en le détournant du messager.
— Non, cela ne peut attendre, intervint l’Elfe. Je dois vous ramener chez le roi sans tarder.
Santo ne flairait pas de piège, mais il ne pouvait plus savoir ce que Wellan ressentait, car il lui voilait ses pensées. Il attendit donc sa décision en scrutant les environs, question de s’assurer que les Écuyers ne couraient aucun danger pendant que leur attention était dirigée sur l’Elfe. Il remarqua leurs visages crispés et comprit qu’ils espéraient que Wellan accepte son offre. Ils observaient Katas en se rappelant les histoires qu’on racontait au sujet du conflit opposant le chef des Chevaliers d’Émeraude au Roi Hamil et en se demandant s’ils allaient assister eux-mêmes à un nouveau chapitre de leur rivalité.
— Nous te suivons, déclara Wellan.
Cameron et Hettrick bondirent aussitôt sur leurs pieds et allèrent chercher les chevaux. En moins de deux, ils rassemblèrent leurs affaires et furent prêts à partir. Wellan ne bougea pas d’un centimètre. Ses yeux glacés continuaient d’observer le jeune Elfe, comme s’il eut craint un geste de trahison. Issu d’un peuple très sensible, Katas ressentit sa méfiance et il se demanda ce qu’il avait bien pu faire ou dire pour la provoquer.
Lorsque le feu fut éteint, Wellan signala à l’Elfe de passer le premier. Les deux Écuyers s’empressèrent de suivre le grand chef et Santo ferma la marche. Derrière le messager, ils traversèrent la sombre forêt, leurs sens en alerte, puisque les dragons chassaient surtout la nuit. Tendus, les deux apprentis connaissaient le danger, mais ils suivaient bravement le chef des Chevaliers en rêvant de devenir aussi forts et puissants que lui.
Lorsqu’ils arrivèrent finalement au village, le soleil commençait à poindre à l’horizon. Fidèles à leurs habitudes, les Elfes avaient fui à l’approche des étrangers. Wellan sentait leur peur et ce n’était pas les dragons qu’ils craignaient. Les Chevaliers s’avancèrent dans la grande place au milieu du village, là où fumaient encore les cendres du feu de la nuit.
En proie à l’étonnement le plus total, Wellan s’immobilisa devant une vingtaine de dragons morts, pendus par la queue aux branches du plus gros arbre du village. Il mit immédiatement pied à terre et lança les rênes de son cheval à son Écuyer pour s’approcher des carcasses. Il n’y avait aucune trace de blessure sur ces reptiles, aucune incision, aucune lacération, et pourtant, ils étaient bel et bien morts. Mais comment ?
— Il n’y a pas que les épées ou les trappes enflammées qui détruisent ces monstres, déclara une voix derrière le Chevalier.
Wellan fit volte-face, la main sur la garde de son épée. Le Roi Hamil se tenait à une bonne distance de lui, les bras croisés, le visage façonné par l’inquiétude, ses longs cheveux blonds au vent. Le Chevalier le sonda rapidement et comprit que ce n’était pas seulement sa présence dans son village qui le tourmentait, mais aussi celle des jeunes monstres qu’il avait trouvés dans ses forêts.
— Vous nous avez dit que ces bêtes ne franchiraient pas les pièges que vous nous avez fait creuser sur nos terres, reprocha le roi.
— C’est exact. Ces monstres ne sont pas arrivés par la côte, répondit Wellan en gonflant la poitrine de défi. L’ennemi a lancé des œufs de dragon de la cascade de Shola et ils ont éclos un peu partout sur les berges de ses rivières. Nous en avons même déniché au Royaume d’Émeraude.
— Combien en ont-ils semés sur le continent ?
— Nous l’ignorons.
Le visage de Hamil se crispa et Santo pensa que ce n’était pas une bonne attitude à adopter devant le chef des Chevaliers d’Émeraude. Une seule étincelle et les hostilités éclateraient de nouveau entre eux. Il s’approcha de son compagnon d’armes pour observer les carcasses suspendues par la queue.
— Comment les avez-vous tués ? demanda-t-il pour tenter de désamorcer le conflit.
— C’est une information que nous ne pouvons révéler aux humains, répondit Hamil d’un ton sec.
— Si vous êtes capables de tuer des dragons, pourquoi vous êtes-vous cachés dans les arbres quand Shola a été attaquée ? tonna Wellan.
Santo lui agrippa fermement le bras pour s’assurer qu’il ne puisse pas tirer son épée ou utiliser ses pouvoirs magiques, Les deux chefs s’observèrent avec colère, mais aucun d’eux ne semblait décidé à attaquer l’autre.
— Nous avons réussi, par le pouvoir de nos esprits, à étouffer ces bêtes parce qu’elles sont de petite taille, répondit finalement le roi. Nous n’aurions jamais pu le faire avec des dragons adultes.
Wellan se défit brutalement de l’emprise de Santo et marcha en direction de son cheval pour ne pas être tenté de faire subir au Roi des Elfes le même sort que son peuple avait réservé aux jeunes dragons.
— Vous savez pourquoi l’ennemi est revenu sur Enkidiev, Wellan d’Émeraude, mais vous avez choisi de ne rien dire à personne, l’accusa le roi.
Le grand Chevalier s’arrêta net et maîtrisa de son mieux la colère qui recommençait à monter en lui. Il ne pouvait pas se permettre d’enfreindre le code de chevalerie devant les deux apprentis.
— Vous n’avez pas le droit de cacher cette vérité à vos hommes, poursuivit Hamil.
— Vous n’aviez pas le droit non plus d’abandonner Fan de Shola à son sort ! siffla Wellan en se retournant vers lui. Le protocole est bien clair en ce qui concerne les maîtres magiciens, mais vous l’avez condamnée à une mort certaine ! De tous les rois qui gouvernent le continent, vous êtes bien mal placé pour me rappeler mes devoirs !
— Votre emprisonnement au Royaume d’Émeraude ne vous aura donc pas enseigné à respecter les dirigeants de ce monde, Chevalier.
« Quel emprisonnement ? » s’étonnèrent les apprentis qui n’en avaient jamais entendu parler. Wellan ignora la remarque de Hamil puisque le Roi d’Émeraude ne lui avait jamais imposé ce châtiment de toute façon.
— Je respecte les hommes courageux et intègres, qu’ils soient rois ou paysans ! laissa-t-il tomber. Je n’ai aucun respect pour les couards !
Rouge de colère, le grand chef poursuivit sa route jusqu’à sa monture, et les deux apprentis observèrent la scène avec appréhension. Étant des créatures magiques, les Elfes possédaient-ils des pouvoirs semblables aux leurs ? Le Roi Hamil s’en prendrait-il à Wellan ?
— Si les Chevaliers d’Émeraude sont véritablement les protecteurs d’Enkidiev, alors vous savez ce que vous devez faire de l’enfant, le somma le souverain.
« Il connaît l’existence de Kira », comprit le grand guerrier. Il s’arrêta devant son cheval et ferma les yeux en prenant une profonde inspiration. Il tenta d’oublier ce qui s’était passé entre le Roi des Elfes et lui, et de rétablir la paix à l’intérieur de son âme. Les deux hommes étaient toujours fâchés l’un contre l’autre, mais Wellan refusa de se laisser emporter par ses émotions.
— C’est elle qu’ils cherchaient à Shola ! explosa le seigneur de la forêt. Ne le saviez-vous pas ?
C’était donc pour cette raison que les Elfes avaient décidé de ne rien faire lors de l’attaque du royaume voisin. Ils savaient que les hommes-insectes voulaient la ramener avec eux. En se gardant d’intervenir, ils croyaient qu’ils ne remettraient jamais plus les pieds sur Enkidiev.
— Les Chevaliers d’Émeraude ne sont pas des assassins d’enfants, riposta Wellan en grimpant sur son cheval sans lui accorder le moindre regard.
Il talonna sa monture et s’enfonça dans la forêt. Cameron s’empressa de le suivre, mais Hettrick attendit patiemment la réaction de son propre maître. Santo s’inclina respectueusement devant le Roi des Elfes en le remerciant d’avoir capturé et exécuté les dragons, et ne fit aucune allusion à la conversation orageuse qu’il venait d’avoir avec son frère d’armes.
— Si vous êtes son ami et si vous vous considérez vraiment comme les nouveaux protecteurs de notre monde, vous l’obligerez à faire son devoir, réclama Hamil.
Santo ne comprenait pas ce dont il parlait et jugea plus sage de garder le silence. Il regagna son destrier et capta le regard triste et confus de Katas, toujours près des chevaux. Il était probablement difficile pour un Elfe de son âge de comprendre la colère de son monarque et même celle du Chevalier Wellan. Le guérisseur posa une main rassurante sur sa frêle épaule et lui transmit une vague d’apaisement.
— Merci de nous avoir servi de guide, déclara amicalement le Chevalier.
« Les humains sont-ils tous aussi différents les uns des autres ? se demanda l’Elfe. Pourquoi celui-ci n’est-il pas en colère comme son chef ? »
Santo grimpa sur son cheval et le lança au galop dans le sentier qu’avait emprunté son frère d’armes, Hettrick sur les talons. Katas les regarda s’éloigner, se disant que les humains devaient souffrir de solitude puisqu’ils ne semblaient pas entretenir entre eux le même lien invisible et sécurisant qui unissait tous les Elfes.
— Les humains auraient dû être exterminés par l’empereur il y a des centaines d’années, maugréa Hamil, les joues rouges de colère.
— Mais les Anciens disent qu’ils nous ont sauvés de la domination des hommes-insectes, protesta Katas.
— S’ils nous avaient vraiment sauvés, ils ne seraient pas de retour aujourd’hui.
— Saurions-nous vaincre l’envahisseur sans eux, sire ?
— Probablement pas, mais nous pourrions donner à l’empereur ce qu’il cherche afin qu’il reste chez lui une fois pour toutes.
Très contrarié par l’attitude de Wellan, Hamil tourna les talons et se dirigea vers sa chaumière en se promettant d’écrire au Roi d’Émeraude au sujet de la véritable place de ses Chevaliers sur Enkidiev.
* *
*
Santo rejoignit finalement Wellan dans la forêt, mais fut incapable de sonder ses pensées et ses émotions toujours enfermées dans son cœur telle une grande tour de pierre. Il ne put vraiment bavarder avec lui qu’aux abords de la rivière Mardall, à la frontière du Royaume des Fées, lorsqu’ils établirent leur campement. Ayant chevauché toute la journée, les deux gamins étaient épuisés, mais ils ne se plaignirent pas. Ils s’enfoncèrent dans la forêt pour ramasser du bois et en revinrent les bras chargés de grosses branches et des sourires ravis sur le visage.
— Il y a des arbres transparents au fond là-bas ! s’exclama Hettrick.
— Et les animaux sont venus flairer nos vêtements sans la moindre crainte ! ajouta Cameron.
Pendant qu’ils allumaient le feu, Santo leur expliqua qu’il s’agissait du domaine magique des Fées et répondit à leurs questions sur les merveilles qu’ils avaient vues.
Wellan prit place devant les flammes, mais son esprit continuait de vagabonder. En préparant le repas, le guérisseur se rappela les paroles étranges du Roi Hamil. Il accrocha la petite marmite au-dessus du feu et alla s’asseoir près de son chef.
— De quel enfant le Roi des Elfes parlait-il ? demanda Santo sur un ton amical destiné à faire comprendre à son compagnon qu’il ne désirait surtout pas le brusquer.
Wellan soupira avec une profonde lassitude et regarda tristement son frère d’armes, tel un vieil homme dépassé par les événements. Devait-il maintenant révéler ce qu’il savait à ses frères ? La propagation de cette information n’allait-elle pas mettre la vie de l’héritière présomptive d’Émeraude Ier en danger ?
— Je pense que ça te soulagerait de te libérer de ce fardeau que tu portes seul depuis trop longtemps, Wellan.
— J’ai bien peur qu’il ne soit assorti d’un terrible cas de conscience, mon frère, avoua-t-il.
— N’avons-nous pas fait le vœu de nous appuyer et de nous entraider jusqu’à la mort ? Tu sais que tu peux me parler en toute honnêteté et que je ne répéterai tes paroles à personne si tel est ton vœu, mais je respecterai aussi ton silence, si c’est ce que tu choisis.
Santo avait raison. Ce secret étant devenu beaucoup trop lourd pour lui, Wellan se vida le cœur à voix basse, ne désirant pas que leurs Écuyers entendent ses aveux. Il révéla au guérisseur l’identité de Kira et la raison pour laquelle l’Empereur Noir cherchait à la reprendre. Il lui raconta aussi l’histoire du petit garçon mauve jadis immolé par le Roi Jabe sans que cela dissuade pour autant Amecareth de concevoir un nouvel hybride.
— Y avait-il aussi une prophétie rattachée à cet enfant ? voulut savoir Santo.
— Je l’ignore, répondit le grand Chevalier. Il y a si peu de documents sur ces événements anciens.
Santo demeura silencieux un instant, réfléchissant aux conséquences de ce terrible secret. Wellan avait eu raison de le garder pour lui pendant toutes ces années. Kira ne serait en sécurité que si personne ne savait où elle se cachait.
— À qui as-tu révélé son existence ? demanda-t-il soudainement à Wellan.
— Il n’y a que les magiciens, Bridgess, toi et moi qui connaissons son histoire, La petite elle-même l’ignore.
— Et comme elle doit atteindre l’âge adulte pour pouvoir protéger le futur porteur de lumière, je suggère que nous ne le disions à personne d’autre.
Santo avait toujours été le plus compréhensif des Chevaliers, selon Wellan. Le plus discret aussi. Il ne trahirait pas son secret. Ayant désellé les chevaux, les Écuyers revinrent vers eux pour déguster leurs portions de ragoût. Le lendemain, la chasse au dragon recommencerait le long de la rivière Mardall.